Dans les ténèbres...

Dans une sombre pièce, seulement éclairé par une faible chandelle, le séraphin était absorbé à écrire quelques lignes sur un parchemin. Une silhouette claudicante s’approcha de lui. Il l’observa en souriant. Le serviteur mort vivant au visage de marbre et aux habits dépenaillé tenait un vieux plateau d’acier piqué par la rouille.
« Mon cher Leopold, vous m’apportez une tasse de thé et des biscuits ? Comme c’est aimable… »
Il prit la tasse et un biscuit qu’il plongea dans le liquide fumant en étendant ces jambes.
Il ouvrit de grands yeux de stupéfaction en voyant un corbeau miniature voler en croissant entre lui et la tasse de thé. Il resta figé sur ce spectacle… un morceau de biscuit se détacha et se mis à flotter dans la tasse.
Son regard se détacha vers sa tasse pour regarder ce petit morceau flotter… cette île d’Almirande. La vapeur de la tasse devint un feu provenant de l’île, brûlant de toute part. Il pouvait entendre, malgré son altitude, les cris plaintifs des habitants de l’île grillant ou fuyant les flammes.
Il atterrit finalement sur le plus haut sommet de l’île, sur un grand trône de marbre noir aux décorations morbide. Un étau d’acier aux griffes acéré vint lui enserrer le crâne en guise de couronne. La douleur lui fit pousser un hurlement et son sang vint obstrué sa vision.

Il sursauta et se releva d’un bond, la tasse venant se briser sur le sol. Il enlaça Leopold avec force, comme un enfant s’accrochant à une peluche. Le squelette ne broncha pas, ces vieux ossements cliquetant sous la pression.
Le séraphin ouvrit les yeux et scruta les ombres de la pièce.
Une odeur infâme arriva à ces narines. L’odeur de milles corps en décomposition. Un petit rire d’enfant résonna dans la pièce. « Qui est la ? » demanda le séraphin.
Il scruta les ténèbres de la pièce et vit une petite ombre se cacher dans un recoin de celle-ci.
« Approche, vient par ici… » fit la voix d’enfant. Le séraphin resta tétanisé un instant. La voix se mua alors en un grondement sourd et grave de démon, une déferlante de haine et d’horreur. « APPROCHE PAR ICI ! »
Il s’exécuta, ses pas guidé plus par la peur que par sa propre volonté.
« Seigneur… est ce vous ? » Une gigantesque main griffu sorti des ténèbres et lacéra son abdomen en un éclair. Il ne ressentit aucune douleur mais ces entrailles se déversèrent sur le sol. Horrifié, il se plia en deux sur le sol, essayant de les rattraper et les remettre à leur place.
« Seigneur, pourquoi ? Pourquoi avez-vous fait cela ? » Sa vision se troubla en même temps que ces paroles.
Le noir complet.

Il rouvrit les yeux et observa la clarté éclatante du jour percer au travers des feuillages verdoyant de la forêt. Il portait son masque et son armure de séraphin. Un loup l’observait en grognant, les babines retroussées laissant découvrir de longues canines blanches.
Il dégaina son long cimeterre…

Par une nuit sombre, il contemplait les étoiles, assied au milieu d’une plaine verdoyante, les images innombrables d’un passé révolu submergeant ces pensées. Il resta un moment à contempler les astres à la recherche d’une vérité caché parmi elle, une réponse à ces questions et ces sombres pensées.
Il remarqua un objet sur le sol reflétant la pâleur des astres. Il s’en approcha et ramassa se qui était un vieux miroir à l’armature de fer oxydé.
Il observa son reflet un long moment dans ce miroir. Soudain il vit les lignes de son visage changé dans ce miroir.
Ces traits furent comme ballottés par des vagues et devinrent plus dur, ces yeux devinrent d’un noir profond, envoûtant, comme absorbant toute la noirceur de l’obscurité de la nuit.
Son teint devint grisâtre et ces cheveux sombres se rassemblèrent et s’entortillèrent pour former des cornes acérées.
Il toucha son visage en observant toujours le miroir. Sous ces doigts il ne sentait pas les modifications qu’il voyait dans le miroir.

- Qu’est ce que cela ? dit-il tout haut.
- Mais je suis toi… répondit le reflet dans le miroir.
- C’est impossible, qu’est ce que cette magie ?
- C’est ta magie. Il est temps que tu te réveilles. Regarde toi ! Regarde se que tu es devenu !
- Que veux tu dire ?
- Une pauvre loque ! Un pantin sans but ! Un gentil mouton suivant le troupeau… mais ce n’est pas se que nous sommes vraiment.
- Ce que nous sommes ?
- oui… nous sommes le loup. Il est temps de saccager la bergerie. Prouve moi que tu n’es pas se que tu parais être, libérons nous et ne faisons plus qu’un.
- Que veux tu que je fasse ?
-Je vais te montrer…

Le visage monstrueux s’échappa du miroir et vint frapper de plein fouet le séraphin qui en tomba sur le sol. Il sentit ces pensées fusionner dans sa tête, ces questions trouvèrent instantanément des réponses, il avait l’impression d’être frappé par la vérité, d’avoir une solution pour n’importe quel problème, de pouvoir tenir les astres dans sa main, de ne faire plus qu’un avec l’Unique.
Il se releva en éclatant de rire.

- Oui je comprends mieux à présent…

Ce soir là, une jeune fermière eue le malheur de sortir de chez elle en pleine nuit pour aller chercher de l’eau à la rivière.


(passage pouvant choquer la sensibilité mis en spoiler)

Spoiler:

Il se réveilla au petit matin sur un tapis de mousse au bord d’un marécage. Il regarda ces mains et son corps couvert de sang puis il se remémora les évènements de la nuit. Il se redressa calmement et observa sa main. Il plissa les yeux et se concentra. Des griffes jaillirent de sa main et sa peau prit un instant une teinte grisâtre avant qu’elle ne redevienne normale. Un sourire carnassier apparut sur son visage …

Le séraphin retira son casque et son armure couverte de sang. Il passa sa main dans ces cheveux poisseux et observa la pointe de flèche figé dans son épaule. Il prit une grande rasade d'alcool fort puis arracha la pointe d'un coup sec à l'aide d'une pince. Il hurla en même temps que le sang gicla de la blessure.
Reprenant son souffle, il observa les tissus qui commençaient à se régénérer lentement. Il pouvait déjà voir sa marque à la gorge ressembler à une vieille blessure de guerre.

Il se remémora le voile rouge de haine qui avait recouvert sa perception et le massacre qu'il avait fait. Un sourire mauvais se dessina sur son visage en revoyant les visages de ces ennemis succombant à sa colère, la plaine couverte de sang et de corps. Il observa sa main encore tremblante.

De la peur ? ... non de l'excitation... cela faisait bien longtemps.

Il éclata d'un rire dément.

Cette fois j'espère qu'ils auront compris le message...

Il s'endormit sur son trône, rêvant de danse macabre, revoyant les visages fantomatiques d'anciens proches disparu souriant et tournoyant autours de lui au milieu de ruines désolé. Il se délecta de tant de désolation et tourna son visage vers le soleil brûlant qui réchauffait son visage, cette énorme tâche noire éblouissante qui trônait haut dans le ciel.

Une conspiration ! Un complot !
Ils complotaient tous contre lui pour lui prendre son île, il le savait.
Il portait un regard négatif sur chaque personne, vérifiant que sa dague était bien toujours contre lui, prête à surgir et ouvrir la gorge du premier qui tenterait quelque chose.
Personne ne semblait faire attention à lui dans la ville, simple passant quelconque.
Il savait que si il avait porté son masque, toutes ces personnes, ces traîtres, ces pleutres, ces lâches, tous se seraient jeté sur lui !
Ils étaient infiltré partout, du conseil jusqu'aux mendiants, même ce chat qui passe devant lui avec sa démarche trop assuré. Quel mage esclave de Baine ou de Loviathar observait derrière ces yeux ?

Il traversa le marché, gardant un oeil sur tous. Le marchand de fruits, en étais ce vraiment un qu'il tenait à la main ? Le forgeron, ce sadique doit imaginer que s'est ma tête entre son enclume et son marteau, pensa t'il.
Et cette ombre qui vient de passer dans la ruelle ? Si il devait être attaqué, il ne se laisserait pas prendre vivant.
Par l'Unique, il en entrainerait un maximum avec lui en enfer.

L'enfant se sentait mal. Sa tête tournait et le sol était aussi stable qu'une barque en pleine tempête.
D'ailleurs elle faisait rage à l'extérieur, comme toujours. Il pleuvait des hallebardes et le vent soufflait fort, s'engouffrant partout, rugissant comme les plaintes de milles damnés.
Un éclair frappa au loin, le flash faisant apparaître les contours d'une fenêtre close et éclairant légèrement la pièce obscure, juste assez pour laisser entrevoir la silhouette en armure recroquevillé dans un coin de la pièce.
L'enfant s'appuya contre un mur en haletant et observa en direction de l'ombre.
Des chaînes cliquetèrent et des yeux observèrent l'enfant. Le séraphin sortit légèrement de l'obscurité, des chaînes le retenait contre un mur, tel un animal.

- Détache moi petit... dit il d'un murmure macabre.
- Je ne peux pas, je ne dois pas.
- Bien sur que si tu peux, nous pourrions nous amuser tous les deux.
- je sais que tu me veux du mal, il me l'a dit.
- Il n'agit qu'en égoïste, tu as peur, je pourrais te protéger d'eux, je sais qu'ils sont partout.
- je...

L'enfant fut interrompue par un grognement à l'extérieur. Le séraphin se tordit dans une attitude étrange, tendant l'oreille.

- Il arrive, tu l'entend n'est ce pas ?

L'enfant trembla, se recroquevillant dans un coin de la pièce sombre. La tempête se calme jusqu'à se qu'il n'y ai plus un bruit. Puis dans un énorme grincement le toit de la pièce s'ouvrit en grinçant, comme le couvercle d'un coffre. Une énorme tête démoniaque apparut au dessus de l'enfant et du séraphin. Un démon exultant la haine, entouré de flammes sombre, ces naseaux crachant de la fumée à chaque respiration. Il observa l'enfant et le séraphin, chacun recroquevillé dans un coin de la pièce.

- SILENCE VOUS DEUX ! SILENCE ! hurla t'il d'une voix rauque et puissante, emplie de sauvagerie.
Vous n'êtes rien. Des misérables vermines rampantes que j'écrase sous ma botte ! Je vous broierais comme tous les autres mortels si je vous entend encore !

L'enfant sanglota en silence en se tenant le crâne, se recroquevillant du mieux qu'il pouvait. Le séraphin se redressa un peu, faisant face au démon.

- C'est moi qui t'ai créé ! Tu as besoin de moi pour survivre. Tu as besoin de l'Unique et de ces plans !
- Tu es PATHETIQUE et INUTILE !

Le démon attrapa le séraphin comme une vulgaire poupée de chiffon et le souleva vers lui, lui arrachant un cri quand celui ci l'arracha des chaînes.

- C'est moi votre Maître à tous, c'est moi qui domine tout ici !

Le démon jeta le séraphin à terre. Celui-ci se fracassa dans un bruit métallique sur le sol. Il se redressa difficilement, son armure était abimé et crasseuse, ces ailes de métal tordu, des morceaux de chaîne pendaient encore de ces membres et son cou, mais pire que tout, il était complètement désarmé face au gigantesque démon.
La pièce était obscur, il n'y avait qu'un pâle halo de lumière qui descendait du ciel et venait éclairé un grand trône morbide sur lequel siégé un homme. Son armure était finement ciselé mais abimé par de nombreux combats et poussiéreuse. Sur sa tête était posé une couronne d'acier rongée par la rouille. Son visage était blême et des larmes de sang séché strié ces joues. Il était immobile, comme endormit. Des toiles d'araignées créaient des liens entre le trône et lui.
Le séraphin fut stupéfié en voyant la scène. Derrière lui, le démon éclata d'un rire sadique en devinant son expression.

-Tu comprend à présent ? Ou bien dois je t'écraser sous mes sabots aussi ? CLOPORTE !

L'enfant surgit de nul part et se jeta au pieds du trône en tirant vainement la jambe de l'empereur endormis.

- Non c'est impossible ! Réveille toi, réveille toi ! Ça ne se peut pas !

Le séraphin se releva doucement en titubant, ces mains s'ouvrirent et des lueurs vertes les entourèrent.

-Puisqu'il en est ainsi, au nom de l'Unique, je vais te tuer.
-Crétin, tu es aussi stupide qu'inutile.

Le démon rugit en sortant ces griffes alors que le séraphin incantait. Des décharges glissèrent sur le démon comme de l'eau et celui-ci envoya le séraphin voler d'un coup de griffe.
L'enfant observa la scène apeuré. Le démon était incontrôlable, il attrapait le séraphin et le jetait contre tous les murs. Celui-ci essayait de se protéger désespérément et de riposter mais ces attaques ne faisaient que glisser sur le cuir de la bête alors que son armure se disloquait dans des bruits de féraille à chaque coup. L'enfant se hissa sur les jambes de l'empereur endormis et tira de toutes ces forces sur son col sans le faire bouger d'un pouce.

-Réveille toi ! Je t'en pris, réveille toi !

La situation était désespéré. Le séraphin n'était plus qu'un pantin désarticulé que le monstre s'amusait à jeter partout. L'enfant retint un sanglot, se reprit.

-Calme toi, il faut que je me calme. Je peux le faire, comment ? Comment faire ? Peut être que... oui je sais...

Il ferma les yeux et se concentra en tremblant. Il posa sa tête contre celle de l'homme endormit et répétant des paroles à voix basses.

-Je me réveille, je suis toi, je me réveille, nous ne sommes qu'un, réveillons nous !

Le corps de l'enfant devint translucide puis disparut totalement. L'homme endormis prit une longue respiration puis ouvrit les yeux. Un sourire se dessina sur ces lèvres, sa peau reprenant peu à peu des couleurs, son armure reprenant son éclat d'antan.

-Enfin réveillé, nous avons réussit.

Il se leva doucement et observa le combat devant lui. Le démon se retourna vers l'homme.

-NON ! C'est impossible ! RENDORS TOI ! Je te l'ordonne !
-Tu ne peux pas m'ordonner.

L'homme restait calme devant le démon. Son regard se tourna vers le séraphin qui gisait au sol. Il lui tendit la main.

-Tu ne peux vaincre seul, tu sais se que tu dois faire.
-Oui...

Le séraphin rampa vers l'homme. Le démon l'attrapa à nouveau et le jeta sur le sol. L'homme lança une décharge dans les yeux du démon. Le séraphin en profita pour se relever et attraper la main de l'homme.
Il disparut tout comme l'enfant et l'homme fut entouré d'une puissante aura, son armure resplendissante brillant de milles feux.

- NOOOOOON ! MEURS !

Le démon chargea l'homme et tenta de l'écraser sous son énorme poing. Celui-ci ne fit que tendre la main, une décharge en sortit dans un bruit de tonnerre, sa lumière éblouissant toute la pièce, aveuglant tout.

Le flash se dissipa. La pluie tombait de nouveau à l'extérieur, comme d'habitude. L'homme regardait par la fenêtre, un sourire sur les lèvres.